Rédigé à 13:23 | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
Un attentat a visé le leader étudiant allemand Rudi Dutschke dont l'état est jugé critique. Alors qu'il s'apprêtait à pénétrer dans le siège de la SDS (Sozialistischer Deutscher Studentenbund), l'organisation étudiante à laquelle il appartient, Rudi Dutschke a été abordé par Josef Bachman, un jeune travailleur berlinois. Celui-ci n'a pas hésité un instant, a sorti un pistolet et a tiré trois fois dans la tête de Dutschke. Le pronostic vital est engagé.
Josef Bachman a été immédiatement arrêté par la police allemande. On a retrouvé sur lui une photo de Rudi Dutschke, découpée dans un journal, et un exemplaire du Nazionalzeitung, ce qui laisse à penser que l'attentat aurait été commandité par l'extrême-droite.
Pourtant, autour du siège du SDS, on pointe du doigt un autre responsable. Plusieurs jeunes activistes, très choqués, ont évoqué spontanément le nom du grand patron de presse Axel Springer. Ces derniers mois, les journaux possédés par Axel Springer se sont en effet déchaînés contre Dutschke et les mouvements étudiants. Le Bild Zeitung notamment, qui appelle depuis plusieurs jours à la répression des agitateurs et a titré récemment "Il faut en finir avec Dutschke maintenant !".
Rudi Dutschke avait dénoncé le groupe Axel Springer l'année dernière, lors de la bavure policière qui avait coûté la vie à l'étudiant Benno Ohnesorg lors d'une manifestation contre le Shah d'Iran. Il rendait les journaux de Springer responsables d'un climat de haine à l'égard des étudiants et avait appelé à leur expropriation.
Du côté du groupe Springer, on dément et on craint déjà des actions de représailles de la part des étudiants. Les prochaines nuits berlinoises pourraient être très agitées...
Arthur Cembrese
Rédigé à 15:00 dans Il y a 40 ans dans le transistor | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
Libération revient aujourd'hui sur une curieuse disposition de la loi sur les discriminations votée mercredi soir au Sénat.
Elle permet "l'organisation d'enseignements par regroupements des élèves en fonction de leur sexe".
Dans l'article, Bariza Khiari, sénatrice PS, s'interroge: "(Cette mesure) est-elle à mettre sur le compte de travaux menés dans la précipitation, ou bien d'une orientation idéologique en phase avec les nostalgiques de l'uniforme et les détracteurs de mai 68? "
Valérie Létard, secrétaire d'État à la Solidarité, répond que "le principe de mixité ne doit pas empêcher que, de façon ponctuelle, un enseignement soir organisé uniquement avec des jeunes filles et des jeunes garçons".
A la lecture de l'article, on se rend compte que la mise en oeuvre de cette disposition dépendra vraiment de ce que l'exécutif veut en faire. La mixité sera-t-elle limitée dans certaines matières seulement? Dans certains lycées?
L'article rappelle opportunément que la mixité n'est pas appliquée partout. On pense à l'école de la Légion d'honneur ou certains lycées privés, comme Danielou.
Heddi Rustuck
Rédigé à 09:01 dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
En mai 68, Antoine de Tarlé est administrateur à l'Assemblée nationale. A 25 ans, il découvre le monde de la politique, au contact des députés. Malin, il consigne dans un journal, que nous publions ici en exclusivité, les rumeurs et les petites phrases qui hantent le Palais Bourbon pendant ce mois décisif...
Dans ce document précieux, jamais remanié ni publié en 40 ans, celui qui deviendra en 1982 directeur général de TF1 note les réactions des parlementaires aux événements de mai. Même s'il approuve les revendications étudiantes, Antoine de Tarlé ne participe pas aux manifestations, car le travail à l'Assemblée continue.
Au début des événements, l'incompréhension domine chez les élus. Personne ne semble véritablement mesurer la portée de ce qui se déroule à deux pas, dans le quartier latin. "Tout le monde était paumé", se souvient Antoine de Tarlé, aujourd'hui conseiller du PDG de Ouest France. Alors que le général de Gaulle disparaît à Baden-Baden, les représentants de la Nation s'interrogent sur l'avenir de la Vème République. Le nom de Pierre Mendès-France est sur toutes les lèvres pour assurer l'intérim.
Peu à peu, les députés comprennent que les mouvements étudiants sont plus que de simples manifestations. La contestation s'amplifie, on dresse des barricades, les violences éclatent. Dans ce climat de révolte, certains élus gaullistes organisent la fameuse marche du 30 mai, pour soutenir De Gaulle. Le député Krieg explique dans un grand élan : "Nous préférons mourir sur les barricades plutôt que de nous laisser égorger comme les bourgeois de 1789."
Pour Antoine de Tarlé, le succès de la manifestation gaulliste signe la fin de mai 68 : "Le couperet est tombé le 30 mai." Le rassemblement autour du général se confirme un mois plus tard dans les urnes : la droite remporte 400 sièges et balaye la gauche, socialistes et communistes confondus. L' "Assemblée de la peur", qui se construit dans le rejet de mai 68, prend le pouvoir. Mai 68 rejoint les livres d'histoire.
Au-delà de la dimension historique, le journal d'Antoine de Tarlé est intéressant pour les anecdotes savoureuses qu'il comporte. Notamment quand elle touche la vie amoureuse de Daniel Cohn-Bendit...
Rédigé à 12:20 dans Les Anonymes de Mai | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
Les poètes sont des visionnaires. Alors qu'il a sorti son album en 1966, Georges Brassens avait visé juste en tapant sur une des institutions dont les étudiants de 68 voudront s'affranchir deux ans plus tard: le mariage.
En 1968, Georges Brassens est un chanteur incontournable de la scène française. Il a 9 albums à son actif et et un goût prononcé pour l'irrévérence. Cette ligne de conduite ainsi que son talent en font un monstre sacré de la musique d'après guerre au même titre que Léo Ferré ou Jacques Brel. D'ailleurs ils donneront leur fameuse interview 8 mois après mai 68, le 6 janvier 1969.
Sur les barricades les étudiants avaient donc dans la tête les paroles de l'album "supplique pour être enterré sur la plage de Sète" et notamment de "la non demande en mariage". Cet hymne à l'amour libre de toute attache cadre très bien avec l'idéal de liberté 68ard. Le poète est précurseur des idées les plus extrêmes puisqu'il affirme dans cette chanson que le partage de la vie quotidienne fait perdre son "goût nature" à la "jolie pomme défendue". Mais trêve de paraphrases, laissons chanter le maître.
Yul Grejes
Rédigé à 02:53 dans 68 tours | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
Comme les très médiatisés faucheurs volontaires, il existe de nombreux collectifs qui essaient d'influer sur le débat publique avec la désobéissance civile pour moyen d'acion. Les Déboulonneurs en font partie. Ils veulent une loi pour encadrer l'affichage publicitaire dans l'espace public. Leur demande phare : réduire les affiches publicitaires à un format 50*70cm, le même que pour l'affichage associatif ou d'opinion. Aujourd'hui les affiches publicitaires s'étalent sur plus de 2 m² parfois.
Ils ont encore frappé vendredi 28 Mars au cirque d'hiver à Paris. Comme toujours dans la capitale leurs actions sont marquées par une présence policière excessive. La brigade présente sur les lieux dépend de la Direction de la Police urbaine de Proximité (DPUP) gérée par la préfecture de police de Paris. Les gardiens de la paix sont officiellement présents pour "assurer la sécurité des manifestant". Dans les faits ils interpellent les barbouilleurs (membres des Déboulonneurs qui se contentent d'écrire sur les affiches plutôt que de les démonter) dès la première affiche souillée. Toutefois le caractère non-violent et bon enfant des manifestants leur permet de négocier avec la police. On assiste donc à des scènes surréalistes où les policiers regardent les militants faire leurs barbouillages avant des les embarquer.
Lire la suite "Les Déboulonneurs, fiers d'être comparés à mai 68" »
Rédigé à 09:00 dans Les Enfants de Mai | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
Balises: désobéissance civile, Les Déboulonneurs, mai68
Un sondage Opinionway paru aujourd'hui sur lci et dans metro analyse les liens entre mai 68 et les français de 18 à 25 ans.
Il apparaît que les jeunes interprètent plus ce mouvement comme une révolte étudiante (72% que comme une grande grève (37%) ou une libération sexuelle (27%). 14 % d'entre eux ne savent pas évoquer spontanément ce que fut mai 68.
Les slogans de 68 ,n'ont pas tous bien vieilli. Si 86 % des jeunes disent adhérer à "faites l'amour pas la guerre", 42% se reconnaissent dans le slogan "consommez plus, vous vivrez moins" et 22% adhèrent à "CRS SS". Des résultats qui montrent notamment que les jeunes se pacifient et assimilent la société de consommation (certains diront qu'ils sont mous et qu'ils ne remettent plus rien en cause)..
Le sondage s'intéresse aussi aux valeurs importantes pour les jeunes d'aujourd'hui. Là aussi, la société moderne est bien assimilée par les cadets de la société puisque 97 % d'entre eux placent "la liberté" comme une des valeurs les plus importante talonnée de près par "l'épanouissement personnel" (94 %) et "la tolérance" (93%), "la solidarité" (89 %), "le travail" (87%) et "la réussite sociale" (78%).
Petit point commun entre la génération actuelle et celle de 68, le rejet des valeurs "d'autorité" (avant dernière avec 64 %) et surtout les "valeurs religieuses" (27%).
Les jeunes ont d'ailleurs une vision éclatée de l'autorité. Ce sont les parents qui l'incarnent pour 37%, la police pour 24 % et les politiques pour 10% des jeunes. La dégringolade est inquiétante pour les enseignants qui rejoignent les religieux à 4%, confirmant ainsi la crise de représentativité que traverse leur métier et qui a commencé en mai 68.
La génération 68 a donc tout remis en cause: les institutions et les représentants de l'autorité ne laissant rien ni personne (pas même eux) pour aider les jeunes à se construire.
Yul Grejes
Rédigé à 14:32 dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (1) | TrackBack (0)
Révolution dans les assiettes sixties ! Alors que les femmes se libèrent et fuient la cuisine pour aller travailler, les hippies snobent la blanquette de veau pour les pâtés végétaux. Revenus de leurs périples en Inde, ils importent en Occident de nouvelles saveurs. Au menu : une cuisine naturelle et simple qui conjugue alimentation et santé. 1968, c'est donc aussi l'émergence du bio, qui allait se développer jusqu'à devenir 40 ans plus tard un phénomène de mode et un alibi marketing. "Le bio est né de l'interrogation des néo-ruraux face à la découverte d'une cuisine pure et philosophique", explique Ségolène Lefebvre, historienne de l'alimentation. "C'est le moment où les beatniks effectuent un retour à la terre pour cultiver leur potager".
Photo : Bourges Tourisme
Une réaction à une alimentation qui commence à s'industrialiser, se standardiser sous emballage et se diffuser dans les grandes surfaces. Mais dont les transformations sont encore trop récentes en 1968 (la France est à cette époque toujours celle des petits commerces) pour que les étudiants de Mai s'y intéressent. "Ils allaient plutôt s'attaquer aux commerces de luxe, comme chez Fauchon, place de la Madeleine, pour le symbole", précise Ségolène Lefebvre. "Mais au fond, la cuisine n'était pas leur principale préoccupation".
Le bio n'est pas la seule innovation culinaire des années 1960. Au même moment, la gastronomie française s'ouvre sur le monde. Avec le retour des pieds noirs d'Algérie en France en 1962, on découvre le couscous. La cuisine vietnamienne fait également son entrée en scène avec les premiers réfugiés politiques d'Indochine et la pizza s'impose comme un plat de référence, désormais "le préféré des Français" selon l'historienne.
Mais faire la cuisine devient "le comble de la ringardise". En 1968, on commence à manger à la cantine et avaler sur le pouce des "fast foods". Pas vraiment bio, tout ça...
Petrie Yaienflat
PS: Ségolène Lefebvre tient un blog, " Boire et manger, quelle histoire !"
Rédigé à 00:05 | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
Héritier ou liquidateur de mai
68 ? La question mérite d'être posée à Alain Soral, lui qui fut jadis membre du Parti Communiste Français et
qui appartient aujourd'hui au Comité central du Front National. L'écrivain monté
au Front n'a pourtant jamais renié son marxisme, ce qui lui permet d'affirmer
par exemple : « si Karl Marx était encore vivant, il voterait Le
Pen». Rencontre, sur un banc du VIème arrondissement de Paris...
« Je suis à la fois un
héritier et un liquidateur de mai 68 », affirme d'entrée Alain Soral.
De 68 il garde « le mouvement populaire sincère, de la base, les aspirations sociales, la fête étudiante »
mais rejette « la manipulation par les élites, comme d'ailleurs souvent
dans les mouvements révolutionnaires ». Il est toutefois difficile ne
pas classer Soral dans les liquidateurs, lui qui a rédigé le discours de Valmy
de Jean-Marie Le Pen, où ce dernier affirme que « les ravages de mai 68
[ont] répandu partout la haine de ce qui est français, la détestation de
l'autre et de soi ».
Il conspue volontiers les
mouvements féministes et homosexuels, héritiers directs de mai 68 : « communautaristes,
fermés, dangereux », ils contribuent selon lui à diviser la société et
se substituent aux vrais combats, les luttes de classe. Ainsi, Alain Soral
brocarde le féminisme « issu de l'ennui de jeunes bourgeoises »,
sans fondement populaire puisque « les femmes travaillent depuis
longtemps dans les classes dominées ».
Lire la suite "Alain Soral, héritier (un peu) et liquidateur (beaucoup) de mai 68" »
Rédigé à 19:46 dans Les Liquidateurs | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
Balises: alain soral, besancenot, cohn bendit, héritage, jean marie le pen, karl marx, liquidateur, mai 68
(Nanterre, mai 68)
MAIS COMMENT ???
En venant nombreux à la projection-débat organisée par ARTE France et Sciences Po le jeudi 17 avril 2008 de 19h à 21h30. Un évènement préparé par les Héritiers.
Au programme :
19h
projection en avant-première du documentaire "Générations 68"
réalisé par Simon Brook, écrit par Henri Weber, Josie Miljevic et Simon Brook
Coproduction: ARTE France, CINETEVE et l'INA
20h
débat, préparé avec la complicité des étudiants de l'Ecole de journalisme de Sciences Po
Le modérateur
David Abiker est chroniqueur à France Info et dans différents magazines.
Les intervenants
Philippe Artières
est historien chargé de recherches au CNRS. Ses travaux concernent
l’histoire des écritures ordinaires au XIXème et au XXème siècle. Il
mène par ailleurs une réflexion sur les archives et leurs fonctions
sociales notamment à l’Institut Mémoires de l’Edition Contemporaine.
Concernant mai 68, Philippe Artières a écrit 68, années politiques qui propose une analyse de la société et de la politique française de 1966 à 1976.
Il a également co-dirigé, avec Michelle Zancarini-Fournel, l'ouvrage 68, une histoire collective (1962-1981)
la Découverte, février 2008. Ce livre replace mai 68 dans son contexte
historique, social et international, la diversité de ses collaborateurs
permet de découvrir des témoignages, des archives et des analyses
inédites.
Simon Brook est réalisateur et
auteur. Il réalise fictions, documentaires et films institutionnels
depuis la fin des années 80, il est également auteur et co-auteur de
plusieurs scénarii. Il vient de terminer le documentaire Générations 68,
une exploration en archives des événements de 1968, commentés 40 ans
plus tard par Dennis Hopper, Milos Forman, Mary Quant, Vaclav Havel,
Jean-Claude Carrière, Wolinski…
Raphaël Enthoven est agrégé de philosophie, ancien élève de l'Ecole Normale Supérieure, enseignant à l'école Polytechnique et animateur des Leçons philosophiques à la BNF. Auteur de Un jeu d'enfant - la philosophie, Fayard 2007, et d'une collection de livres-disques extraits des Vendredis de la philosophie sur France Culture (déjà parus : Kant, Sartre, Montaigne et Platon) éditions Naïve, il est producteur et animateur des Nouveaux chemins de la connaissance sur France Culture et tient également la rubrique "Sens et vie" dans Philosophie Magazine.
Christine Fauré
est sociologue, directrice de recherche au CNRS, Université de Lyon –
Triangle, et membre de l’Observatoire de la Parité entre les femmes et
les hommes depuis 2002. Elle a enseigné de 1973 à 1983 à l'Université
de Vincennes puis à Saint-Denis dans le département de philosophie. Ses
principaux domaines de recherche sont : la révolution française, le
rapport des femmes à la politique et les mouvements protestataires.
En
mai 1968, elle avait 22 ans, elle est donc un témoin direct des
évènements, et depuis, son travail de sociologue l’a amené à se pencher
sur leur déroulement. Fruit de ses réflexions, elle a publié Mai 68, jour et nuit il y a dix ans et publie aujourd’hui Mai 68 en France ou la révolte du citoyen disparu, Les empêcheurs de penser en rond / Seuil février 2008.
Lieu:
Sciences Po
Amphithéâtre Jacques Chapsal
27 rue Saint-Guillaume
Paris 7è
Pour vous inscrire à la projection-débat,
merci de réserver votre place impérativement avant le jeudi 10 avril 2008 à l'adresse [email protected]
Rédigé à 16:32 dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
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