Un sondage Opinionway paru aujourd'hui sur lci et dans metro analyse les liens entre mai 68 et les français de 18 à 25 ans.
Il apparaît que les jeunes interprètent plus ce mouvement comme une révolte étudiante (72% que comme une grande grève (37%) ou une libération sexuelle (27%). 14 % d'entre eux ne savent pas évoquer spontanément ce que fut mai 68.
Les slogans de 68 ,n'ont pas tous bien vieilli. Si 86 % des jeunes disent adhérer à "faites l'amour pas la guerre", 42% se reconnaissent dans le slogan "consommez plus, vous vivrez moins" et 22% adhèrent à "CRS SS". Des résultats qui montrent notamment que les jeunes se pacifient et assimilent la société de consommation (certains diront qu'ils sont mous et qu'ils ne remettent plus rien en cause)..
Le sondage s'intéresse aussi aux valeurs importantes pour les jeunes d'aujourd'hui. Là aussi, la société moderne est bien assimilée par les cadets de la société puisque 97 % d'entre eux placent "la liberté" comme une des valeurs les plus importante talonnée de près par "l'épanouissement personnel" (94 %) et "la tolérance" (93%), "la solidarité" (89 %), "le travail" (87%) et "la réussite sociale" (78%).
Petit point commun entre la génération actuelle et celle de 68, le rejet des valeurs "d'autorité" (avant dernière avec 64 %) et surtout les "valeurs religieuses" (27%).
Les jeunes ont d'ailleurs une vision éclatée de l'autorité. Ce sont les parents qui l'incarnent pour 37%, la police pour 24 % et les politiques pour 10% des jeunes. La dégringolade est inquiétante pour les enseignants qui rejoignent les religieux à 4%, confirmant ainsi la crise de représentativité que traverse leur métier et qui a commencé en mai 68.
La génération 68 a donc tout remis en cause: les institutions et les représentants de l'autorité ne laissant rien ni personne (pas même eux) pour aider les jeunes à se construire.
Yul Grejes
Nous sommes en mars, en mars 2008.
Les mausolées s'élèvent déjà en "hommage" à mai 68.
Ainsi, tous les 10 ans, sur fond d'amnésie institutionnalisée,
s'effectue l'enterrement de première classe
d'un évènement dont les conséquences sont encore largement palpables dans notre quotidien…
Parallèlement, petites écoles et grandes institutions du savoir agitent chaque fois leurs étudiants, les "invitant" à "penser" autours de mai.
De l'ENSAD au "Libé - par les étudiants" sans compter la floraison de blogs dont celui-ci fera partie, un malaise chaque fois s'installe. Derrière les productions de bonne volonté (textes et affiches) ont sent de jeunes gens qui ne savent trop que penser. Faire plaisir à leur prof. ou leur mentor du moment serait-ce affirmer que 68 "c'est bien", ou c'est tout mal" ?
Déjà plusieurs paradoxes :
D"abord, mai, c'est les étudiants, comme si le mouvement ouvrier, et de l'ensemble de la société n'avaient pas existé. Exit donc une grande part de la réflexion et de ceux qui l'ont nourrit, pour des raisons purement pratiques : les étudiants, nous les avons encore "sous la main"… tant il serait difficile à l'heure actuelle de faire une descente en usine et organiser avec les ouvriers une réflexion autours de mai. C'est donc par l'absurde que revient sur les épaules des étudiants-seuls le passage du flambeau.
Ensuite, pour beaucoup d'entre eux, les "inviter" à penser mai confine à l'obligation. Mai, pour certains, ils n'en pensent rien. Ce n'est pas faute de s'agiter, de s'enthousiasmer, d'amener force documents, arguments sur la table : la réponse est non. Non, nous n'en pensons rien, et ne souhaitons rien en penser.
Précisément, c'est à mon sens ici que le travail de pédagogue débute : non pas enseigner 68, ni obliger à penser 68, mais aider à formuler le refus ou l'enthousiasme plus ou moins mitigé, faire le constat d'une incuriosité, s'aider de ce qui agite vraiment une génération, y puiser une matière vive, quand bien même ce serait peu reluisant (Vous savez madame, moi, ce que je veux, c'est trouver du taff, alors la liberté…) Ne surtout pas faire de Mai cette matière inerte et obligatoire entre gens de bonnes mœurs, ne pas l'incorporer par force à ce qu'il faut savoir. Quel plus bel enterrement ce serait, n'est ce pas ? Ni vu ni connu, puisque paré de "l'agitation estudiantine" qui conforterait les nostalgiques.
Le travail de la toute jeune pédagogue que je suis, c'est très idiot à formuler, c'est aider à penser, à se penser…
Quand bien même je devrais partir de ce matériau : "Vous savez madame, moi, ce que je veux, c'est trouver du taff, alors la liberté…"
Ne sommes-nous pas ainsi au cœur de beaucoup d'idées de mai ?
Ce blog relate d'expériences pédagogiques courtes (séances de 3h).
http://soixantehuit.blogspot.com/
Alors, comment garder vivace ce qui a poussé en 68,
alors même que le contexte socio-économique,
les "valeurs", etc., se sont profondément modifié ?
Il ne s'agit pas de recréer un esprit révolutionnaire,
ex-nihilo (ou presque), par le biais d'un blog.
Il s'agit d'à tout le moins, exercer un esprit critique,
au sens premier, de ce que fut 68, ce qu'il est devenu
au regard de l'époque actuelle. Nous le ferons
de manière purement graphique, par biais de signes,
comme les générations qui nous ont précédées.
Et vous, qu'en pensez-vous ?
Valérie Voyer,
enseignante à Vocation graphique
(http://www.vocationgraphique.com/)
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Valérie Voyer
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Rédigé par : Valérie Voyer | 08 avril 2008 à 16:21