On le savait déjà: le bac 68 fut très facile à obtenir. Certains ont même parlé de "cadeau". Les chiffres le prouvent: en 1968, le taux de réussite au bac a été de 80% contre environ 60% les années précédentes et suivantes. Il faut dire que les épreuves avaient été réduites à de simples oraux.
.
Plus étonnant, deux sociologues ont profité de cette occasion pour étudier en 2005 le destin de ces "bacheliers de mai". Et qu'ont-ils trouvé?
Ceux-ci ont mieux réussi professionnellement que leurs camarades des années précédentes et suivantes. Eric Maurin et Sandra McNally montrent qu'ils bénéficient aujourd'hui de salaires plus élevés et qu'ils ont accédé plus largement aux postes de cadres que les bacheliers des années 1967 et 1969. Et leurs enfants réussiraient même mieux à l'école. Faire la révolution aiderait-il à réussir?
Pas forcément. Pour les auteurs, ce surcroît de réussite et plutôt à mettre sur le compte d'un plus large accès à l'enseignement supérieur. Un certain nombre de bacheliers de cette année-là n'aurait en effet jamais pu réussir le bac dans des conditions normales.
Cette expérience plaiderait donc pour un accès le plus large possible à l'enseignement supérieur, sans craindre une dévalorisation des diplômes.
Pour rappel, aujourd'hui, le taux de réussite au baccalauréat est d'environ 80%. Mais seul 63% de l'ensemble de la population née une même année finit par l'obtenir. En 1968, c'était seulement 20%.
Heddi Rustuck
(Photo: lemonde.fr)
Commentaires
Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.