Révolution dans les assiettes sixties ! Alors que les femmes se libèrent et fuient la cuisine pour aller travailler, les hippies snobent la blanquette de veau pour les pâtés végétaux. Revenus de leurs périples en Inde, ils importent en Occident de nouvelles saveurs. Au menu : une cuisine naturelle et simple qui conjugue alimentation et santé. 1968, c'est donc aussi l'émergence du bio, qui allait se développer jusqu'à devenir 40 ans plus tard un phénomène de mode et un alibi marketing. "Le bio est né de l'interrogation des néo-ruraux face à la découverte d'une cuisine pure et philosophique", explique Ségolène Lefebvre, historienne de l'alimentation. "C'est le moment où les beatniks effectuent un retour à la terre pour cultiver leur potager".
Photo : Bourges Tourisme
Une réaction à une alimentation qui commence à s'industrialiser, se standardiser sous emballage et se diffuser dans les grandes surfaces. Mais dont les transformations sont encore trop récentes en 1968 (la France est à cette époque toujours celle des petits commerces) pour que les étudiants de Mai s'y intéressent. "Ils allaient plutôt s'attaquer aux commerces de luxe, comme chez Fauchon, place de la Madeleine, pour le symbole", précise Ségolène Lefebvre. "Mais au fond, la cuisine n'était pas leur principale préoccupation".
Le bio n'est pas la seule innovation culinaire des années 1960. Au même moment, la gastronomie française s'ouvre sur le monde. Avec le retour des pieds noirs d'Algérie en France en 1962, on découvre le couscous. La cuisine vietnamienne fait également son entrée en scène avec les premiers réfugiés politiques d'Indochine et la pizza s'impose comme un plat de référence, désormais "le préféré des Français" selon l'historienne.
Mais faire la cuisine devient "le comble de la ringardise". En 1968, on commence à manger à la cantine et avaler sur le pouce des "fast foods". Pas vraiment bio, tout ça...
Petrie Yaienflat
PS: Ségolène Lefebvre tient un blog, " Boire et manger, quelle histoire !"
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