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Valérie Voyer

Nous sommes en mars, en mars 2008.
Les mausolées s'élèvent déjà en "hommage" à mai 68.

Ainsi, tous les 10 ans, sur fond d'amnésie institutionnalisée,
s'effectue l'enterrement de première classe
d'un évènement dont les conséquences sont encore largement palpables dans notre quotidien…

Parallèlement, petites écoles et grandes institutions du savoir agitent chaque fois leurs étudiants, les "invitant" à "penser" autours de mai.
De l'ENSAD au "Libé - par les étudiants" sans compter la floraison de blogs dont celui-ci fera partie, un malaise chaque fois s'installe. Derrière les productions de bonne volonté (textes et affiches) ont sent de jeunes gens qui ne savent trop que penser. Faire plaisir à leur prof. ou leur mentor du moment serait-ce affirmer que 68 "c'est bien", ou c'est tout mal" ?

Déjà plusieurs paradoxes :
D"abord, mai, c'est les étudiants, comme si le mouvement ouvrier, et de l'ensemble de la société n'avaient pas existé. Exit donc une grande part de la réflexion et de ceux qui l'ont nourrit, pour des raisons purement pratiques : les étudiants, nous les avons encore "sous la main"… tant il serait difficile à l'heure actuelle de faire une descente en usine et organiser avec les ouvriers une réflexion autours de mai. C'est donc par l'absurde que revient sur les épaules des étudiants-seuls le passage du flambeau.
Ensuite, pour beaucoup d'entre eux, les "inviter" à penser mai confine à l'obligation. Mai, pour certains, ils n'en pensent rien. Ce n'est pas faute de s'agiter, de s'enthousiasmer, d'amener force documents, arguments sur la table : la réponse est non. Non, nous n'en pensons rien, et ne souhaitons rien en penser.

Précisément, c'est à mon sens ici que le travail de pédagogue débute : non pas enseigner 68, ni obliger à penser 68, mais aider à formuler le refus ou l'enthousiasme plus ou moins mitigé, faire le constat d'une incuriosité, s'aider de ce qui agite vraiment une génération, y puiser une matière vive, quand bien même ce serait peu reluisant (Vous savez madame, moi, ce que je veux, c'est trouver du taff, alors la liberté…) Ne surtout pas faire de Mai cette matière inerte et obligatoire entre gens de bonnes mœurs, ne pas l'incorporer par force à ce qu'il faut savoir. Quel plus bel enterrement ce serait, n'est ce pas ? Ni vu ni connu, puisque paré de "l'agitation estudiantine" qui conforterait les nostalgiques.

Le travail de la toute jeune pédagogue que je suis, c'est très idiot à formuler, c'est aider à penser, à se penser…
Quand bien même je devrais partir de ce matériau : "Vous savez madame, moi, ce que je veux, c'est trouver du taff, alors la liberté…"
Ne sommes-nous pas ainsi au cœur de beaucoup d'idées de mai ?

Ce blog relate d'expériences pédagogiques courtes (séances de 3h).

http://soixantehuit.blogspot.com/

Alors, comment garder vivace ce qui a poussé en 68,
alors même que le contexte socio-économique,
les "valeurs", etc., se sont profondément modifié ?
Il ne s'agit pas de recréer un esprit révolutionnaire,
ex-nihilo (ou presque), par le biais d'un blog.

Il s'agit d'à tout le moins, exercer un esprit critique,
au sens premier, de ce que fut 68, ce qu'il est devenu
au regard de l'époque actuelle. Nous le ferons
de manière purement graphique, par biais de signes,
comme les générations qui nous ont précédées.

Et vous, qu'en pensez-vous ?

Valérie Voyer,
enseignante à Vocation graphique
(http://www.vocationgraphique.com/)

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Valérie Voyer
collectif Le PasQueBeau

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06 71 12 01 31
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site du collectif : www.lepasquebeau.com

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