A l'occasion de la sortie de son livre de mémoires Résister: de Mathausen à mai 68, l'ancien secrétaire général de la CGT Georges Séguy explique à La Croix qu'il voit des "similitudes" entre le printemps 1968 et 2008. A l'époque, Georges Séguy, fils de cheminot communiste lui-même entré à la SNCF au retour d'un camp de concentration nazi, participa aux accords de Grenelle qui, le 27 mai, actèrent une hausse moyenne des salaires de 10%, et de 35% pour le SMIG, en plus de la reconnaissance de la section syndicale dans l'entreprise. Trois jours après le consensus syndicats-patrons-gouvernements, mai 68 finissait par la reprise du travail et la démonstration de force gaulliste sur les Champs-Elysées.
Pour l'ancien gardien du temple rouge, "avant 1968, toute négociation était bloquée. Aujourd'hui, ce qu'on appelle le dialogue social se termine souvent par des mesures autoritaires sans véritables négociations". Spectateur attentif et actif de notre société, le vif octogénaire considère que "la colère s'accroit car le Président explique aux Français qu'il va persévérer dans l'erreur".
Lucide sur l'état de santé du syndicalisme, celui qui dirigea pendant 15 ans (1967-1982) la machine cégétiste appelle ses héritiers à "œuvrer au rassemblement pour se hisser au-dessus des vieux clivages".
Signe annonciateur (ou pas) d'un printemps social agité, les chefs de file de la CGT et de la CFDT, Bernard Thibault et François Chérèque, ont défilé côte-à-côte au cours de la traditionnelle manifestation du 1er mai. Pas sûr pourtant que les deux hommes aient téléphoné à l'honorable camarade Séguy pour lui demander la recette d'une grève générale de 10 millions de personnes.
Herwin Bere
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