Les murs ont la parole. Bavards, ils nous parlent de rupture avec la « France petite bourgeoise ». De révolution, même. En mai 68, « deux et deux ne font plus quatre ». Le renversement de l’ordre établi est en marche. « La barricade ferme la rue mais ouvre la voie », celle de l’espoir d’un renouveau. Dans cette lutte, pas de place pour la demi mesure : « mort aux tièdes » et à la « fadeur social-démocrate » : « l’émancipation de l’homme sera totale ou ne sera pas ». Car c’est bien de l’homme qu’il s’agit. « Construire une révolution, c’est aussi briser les chaînes intérieures ». Se libérer pour « jouir sans entraves », maître-mot de mai.
On exige, on revendique, on décrète… Bref, on s’exprime. « Je ne sais quoi écrire mais je voudrais en dire de belles, et je ne sais pas», confesse un anonyme de mai. Qu’importe, semble lui répondre un autre : « être libre en 68, c’est participer ». Célébration de l’anonymat, prémisses du forum. Les rajouts, les réponses, les ratures instituent un dialogue.
Ce journal mural est paru en 68 pour sauver les vestiges d’un fameux printemps. En juin déjà, gommés les pamphlets noirs et rouges de mai: on repeint. Près de quarante ans plus tard, ces éphémères graffitis n’ont rien perdu de leur saveur : de la protestation est née la création.
“Les murs ont la parole, Mai 68” de Julien Besançon, Editions Tchou, 182 p., 7,50 €.
Alvin Agadès
C'est bien de rééditer les slogans de mai 68, mais c'est peut-être encore mieux de publier des slogans d'aujourd'hui :
"Délocalisons les patrons !"
"Métro, boulot, windows, dodo."
"Je consomme, tu consommes, il consomme, nous dégueulons."
"la révolution fait bander mieux que le Viagra."
"Ne laissons pas les petits jouer avec le pouvoir."
"Si vous avez du mal à dire non, dites merde !"
"Qui a dit que la révolution était une affaire classée ?"
(Extraits de "Slogans pour les prochaines révolutions" de Langlois)
Rédigé par : Graveline | 15 avril 2008 à 16:12
"La lutte c'est classe... contre classe"
"Rêve générale"
"De battre le pavé mon cœur s'est relancé"
Etc.
Rédigé par : Arthur Cembrese | 18 avril 2008 à 01:33