Ironie du sort. Octobre 2007, un peu moins de 40 ans après les accords de Grenelle de mai 1968, le Président qui voulait « liquider » l’héritage de 68 met en place un autre « Grenelle » … Au programme cette fois, l'environnement. Par analogie au précédent, ce débat multipartite réunit des représentants du gouvernement, d'associations professionnelles et d'ONG pour fixer des décisions à long terme en matière de développement durable .
« Je veux que le Grenelle soit l'acte fondateur d'une nouvelle politique, d'un New Deal écologique en France, en Europe et dans le monde », affirmait Nicolas Sarkozy le 25 octobre devant José Manuel Barroso, président de la Commission européenne, Al Gore et Wangari Maathai, les deux prix Nobel de la Paix, l'ensemble du gouvernement et des participants au Grenelle de l'environnement réunis à l'Elysée. Création d'un grand ministère de l'Ecologie, du Développement et de l'Aménagement Durables, taxe sur les véhicules polluants, vote de la loi OGM insistant sur le principe de précaution, le respect et la défense de l’environnement sont des priorités affichés par le chef de l’Etat.
(Utilisé par les Alternatifs pour organiser un contre-grenelle déonçant "les tabous officiels du Grenelle de l'Environnement)
Impossible pourtant de nier l'importance de 68 et du mouvement hippie fondateur de l'environnementalisme. Au-delà du cliché de la communauté fabriquant des fromages de chèvre en Ardèche, le mouvement a contribué à l'éveil des consciences. Précurseurs du recyclage des déchets, les hippies s’habillaient avec des vêtements faits mains dans des matières naturelles (robe en laine, tunique en coton).
Partisans du « retour à la terre », ils privilégiaient déjà, la consommation d’aliments « naturels » (céréales, fruits et légumes du jardin) tout en refusant le modèle du « prêt à manger ». L’alimentation saine, concept hippie par excellence ressurgit en force dans nos sociétés menacées par la "mal-bouffe" et l’obésité.
« Les hippies avaient raison sur toute la ligne », rappelle le San Francisco Chronicle dans un article repris dans le numéro de janvier de Courrier International consacré à 68. Précurseurs de la révolution écologique, on leur devrait entre autres « la médecine douce, le coton bio, le bois récupéré, le cannabis à usage thérapeutique le recyclage, les semences non-OGM, et les énergies de substitution »...
Si l’écologie politique est née dans la foulée de 68, il faudra encore du temps pour que l'idée de préserver la planète sorte de la contre-culture et passe sur le devant de la scène politique. Sensibiliser aux préoccupations environnementales par une idéologie utopiste, créer un mouvement d’enthousiasme transfrontalier pour la défense de l’environnement… Des idées séduisantes à l'heure où les chefs d’Etat peinent à trouver des accords sur des questions primordiales comme la lutte contre le réchauffement climatique. Porter des vêtements commerce équitable, se nourrir sainement, trier ces déchets, rouler en Vélib'… Nous avons tous quelques leçons d’écologie à prendre de nos amis les hippies…
Sidonie Ebremouva
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