« Quand on manifestait contre l’exclusion des membres du mouvement du 22 mars, on ne pensait pas que cela allait arrêter toutes les raffineries de France. » Sylvain Gouz a vu naître mai 68 lors d'une manifestation du 2 mai 1968 où 400 étudiants se voient encadrés par 2 000 policiers et CRS.
Agé de 22 ans à l’époque, l’étudiant Sylvain Gouz « n’est pas extrêmement politisé ». Il suit des cours d’économie à Assas et prépare le concours d’entrée à l’Idhec (institut des hautes études cinématographiques) à Nanterre.
Son mai 68 durera 3 semaines. Peu attiré par la violence et le militantisme, il est nommé « président » de la commission "université et société" de la faculté d’Assas. Dans des petites salles de travaux dirigés il animera des débats réunissant environ 50 personnes tous les jours.
Même s’il préfère le théâtre de l’Odéon et ses envolées lyriques aux barricades et à leurs pavés rasants, Sylvain Gouz va tout de même participer aux principales nuits de combat, à sa manière, en se mettant au service des autres.
Il a donc participé aux manifestations mais il a surtout beaucoup appris lors de cette période. Son positionnement ni militant ni politique, lui donne un oeil différent sur les motivations des manifestants. Il ne souscrit pas à l’interprétation historique à posteriori du mouvement. Pour lui mai 68 est avant tout une époque où une génération et une classe sociale aisée ont voulu s'affirmer dans une société très autoritaire. Le tout profitant de conditions exceptionnelles: une économie encore florissante, un taux de chômage faible, l'avènement de la pilule et l'absence du sida. Une libération plutôt qu’une révolution.
Après le mois de mai, Sylvain Gouz ne participera plus trop aux différents mouvements suivants. D’une part il ne se retrouve pas dans la politisation et la récupération du mouvement par certains milieux. D'autre part il décide de changer d'orientation. Il renonce à ses envies de cinéma (bien qu'il ait profité du moment pour modifier les conditions d'entrée à l'Idhec) et décide d'approfondir sa compréhension de la société en continuant ses études d'économie et de sociologie. En 1970, il rentre en tant que journaliste à Combat et se place en observateur privilégié de la société française.
Sylvain Gouz est aujourd’hui conseiller de Paul Nahon, directeur de l’information à France 3. Il conserve son authenticité soixante-huitarde en restant fidèle à ses valeurs d’égalité et de lutte contre les discriminations dans sa vie de tous les jours et dans sa carrière.
Yul Grejes
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