Jean-Michel Catala est né en 1942. Il a dirigé l’Union des Etudiants Communistes (UEC) pendant onze ans, de 1965 à 1976. Il est aujourd’hui avocat.
D’emblée, cet ancien pilier de rugby à la carrure imposante, prévient : «contrairement à ce qu’on lit dans la presse, Mai 68 n’est pas un coup de tonnerre qui a soudainement tout bouleversé. Il faut parler du contexte dans lequel les événements s'inscrivent ».
Le contexte, donc. Fin de la colonisation, développement des mouvements d'indépendance et de libération, révolution cubaine… L’époque est à la lutte contre le capitalisme.
En France, on sort à peine de l’épisode de la guerre d’Algérie, événement structurant dans la conscience politique de cette génération : « c’est à ce moment-là qu’on a appris à manifester ».
En 1960, Jean-Michel Catala entre à l’université de Nanterre : la politique y est prégnante, le débat omniprésent.
C’est durant ses années fac qu’il adhère à l’UEC, avant d’en devenir l’un des principaux leaders. Il veut libérer la jeunesse du poids d’une société subie, lourde de tabous et d’interdits.
La contestation de l’ordre légué par les parents est alors un trait commun à toutes les sociétés industrialisées : « Aux Etats-Unis, en Europe occidentale, au Japon... c'est le même mouvement».
En 68, à gauche comme à droite, on veut changer le monde. Chaque camp à sa manière.
C’est le ras-le-bol des étudiants qui initie le mouvement. Les syndicats d’ouvriers protestent à leurs côtés après la répression d’une manifestation qui a mal tourné. Très vite, ils en profitent pour faire valoir leurs propres revendications.
L’UEC et le PC, véritables reflets des divisions des communistes, freinent alors le rapprochement entre le monde ouvrier et le monde étudiant. Craignant de perdre la maîtrise des événements, ils refusent le dialogue, prenant les événements de Mai pour « une menace, pas une opportunité ».
En dépit d’une importante réaction post-68, les acquis sont immenses dans tous les domaines. Première héritière de Mai : "la société française". Mais aussi "la gauche traditionnelle".
Sauf que la gauche ne se comporte pas en digne héritière. Incapable de se rassembler, elle se perd dans des querelles terminologiques: « les ‘révolutionnaires’ sont accusés d’être ‘à la masse’ par des sociaux-démocrates qualifiés de ‘sociaux-traites’ ". Face à la droite décomplexée incarnée par Nicolas Sarkozy, on peine à savoir ce qu’est la gauche aujourd’hui.
Pourtant, le combat reste à mener, contre un système qui, livré à lui-même, est "totalement inhumain".
Alvin Agadès
Commentaires
Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.