Comment Mai 68 a révolutionné la tenue des CRS
Si Mai 68 a provoqué une révolution, c'est dans les rangs des Compagnies républicaines de sécurité(CRS) qu'on peut la trouver. Ces forces de maintien de l'ordre, créées le 8 décembre 1944 par le Gouvernement provisoire de la République français, évoluent radicalement au lendemain des émeutes, qui ont dévoilé leurs lacunes.
Habituées aux tranquilles manifestations syndicales, les compagnies sont confrontées au printemps 68 à des mouvements insurrectionnels inédits, reprenant les codes de la guérilla urbaine. Les techniques classiques de maintien de l'ordre ne sont pas adaptées. A l'issue des événements, c'est chez les CRS que le bilan est le plus lourd : 656 blessés, dont 114 hospitalisés.
La tenue des CRS est remise en cause. Endimanchés, les hommes portent des bottes, un pantalon de toile léger, un blouson "battle-dress" peu épais, un chemise et une cravate. La tenue ne correspond pas à la réalité des combats de rue.
Outre leur uniforme de maintien de l'ordre, les CRS sont aussi sous-équipés, malgré la matraque souple de couleur blanche, longue d'une quarantaine de centimètres, qu'ils ont à la main . Ils portent un casque en plastique trop fin pour protéger la tête. Leurs lunettes ne sont pas étanches et laissent passer les gaz lacrymogène. Enfin, le bouclier qui leur sert d'arme de défense a l'inconvénient d'être opaque. Lors des combats avec les manifestants, l'alternative pour les forces de l'ordre se résume donc à un choix impossible : se protéger et être aveugle ou observer et se mettre à découvert.
Mai 68 met en lumière les défauts de l'équipement des CRS, débordées les premiers jours par des manifestants qui compris leur avantage. La police nationale tire les leçons de la déroute et décide de revoir la tenue des hommes.
L'une des premières innovations est l'apparition sur leur casque renforcé de deux bandes jaunes qui les distinguent des autres forces de l'ordre. Le bouclier devient transparent et ovoïde pour recouvrir l'ensemble du corps. Les vêtements sont ignifugés, c'est-à-dire ininflammables. On équipe les CRS de protections au niveau des tibias et des avant-bras. La matraque souple, jugée peu dissuasive, se rigidifie. La tenue des CRS se renforce pour devenir une véritable panoplie de défense, permettant aux hommes de rester passifs et d'encaisser les coups sans broncher.
Aujourd'hui, les équipements des CRS n'ont plus rien à voir avec ceux de 68. L'évolution, décidée à l'issue des manifestations de Mai, a abouti à la conception d'une tenue dite "Robocop", lancée en janvier 1997. Gilet pare-coup, gilet pare-balles, jambières, casque avec visière pouvant être bloquée en position ouverte, masque à gaz à la ceinture font désormais des CRS des troupes suréquipées. Outre les traditionnelles menottes, leur arme de poing est un Sig Sauer de 9 mm (comme toutes les forces de police). Elles ont également à leur disposition un pistolet à impulsions électriques, de marque "Taser" et de modèle "x26". Enfin, le tonfa a remplacé la matraque, symbole de Mai 68. Finies, la souplesse et la blancheur : d'une taille équivalente, le bâton des années 2000 est noir et dur. Mais la principale innovation est la poignée perpendicualire située au tiers du tonfa : elle permet au CRS de l'utiliser à la fois en position de défense (le long de l'avant-bras) et d'attaque (au-dessus du poing).
Mic Gaure D'Imaur
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